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M&A 2022 : Le bilan sur une année mouvementée

Après une année 2021 de tous les records, le M&A français conclut 2022 en repli face aux incertitudes économiques

Publié le 08 janvier 2023 à 12:42

L’effervescence post-covid qu’a connu le marché en 2021 n’aura pas durer plus d’un an. Au niveau mondial, c’est 15% d’opérations en moins et un déclin de 34% en valeur de transactions par rapport à l’année dernière. Le marché français a subi quant à lui une chute en valeur de l’ordre de 46%, à 147 milliards d’euros, soit le montant le plus faible depuis 2013.

Certains acteurs du M&A présents sur la place parisienne ont cependant souffert plus que d’autres, bouleversant ainsi le podium des banques d’affaires. Goldman Sachs prend donc la tête du peloton tout en étant la moins à plaindre, avec un montant total conseillé amputé que de moitié quand ses concurrents en ont perdu entre deux tiers et trois quarts par rapport à l’année dernière.

Cette année sera aussi marquée par l’absence de transactions supérieures à 10 milliards d’euros. On se contentera donc de la nationalisation d’EDF par l’état français pour un montant de 9,7 Mds€, suivie du rapprochement entre Orange et son homologue espagnol MásMóvil pour 7,5 Mds€. Ce n’était pourtant pas passé loin pour Sanofi qui avait annoncé en fin d’année le rachat d’Horizon Therapeutics pour une somme avoisinant les 30 Mds€, avant d’être devancé par la biotech américaine Amgen.

Un contexte imprévisible

Guerre, inflation et crise énergétique. Si 2022 devait avoir un synopsis, il commencerait avec ce triptyque. Cette année a laissé place à l’incertitude et les entreprises naviguent à vue entre hausses des taux, phase inflationniste, crise des matières premières, conflits géopolitiques et explosion des factures énergétiques, autant de raisons pour garder leur cash en banque.

Mais le manque de visibilité n’est pas l’unique boulet attaché à la cheville du M&A. Les parties prenantes ont eu du mal cette année à trouver des accords sur les montants des transactions et les conseils d’administration se montrent plus exigeants face aux acquéreurs comme en témoigne l’OPA ratée à 68 Mds$ d’Unilever sur GSK Consumer Health, devenu Haleon suite au spin-off avec la big pharma britannique, ou encore du forfait de Sanofi pour le rachat d’Horizon Therapeutics.

Les acquéreurs ont donc dû verser 10% de primes en plus des 28% offerts l’année dernière et certaines acquisitions ont même atteint les 80%. Cette hausse des montants couplée à un marché de la dette tendu a donc retardé voir interrompu de nombreux deals.

Pleins phares sur le Private Equity

À l’instar des opérations industrielles, le Private Equity souffre lui aussi du même contexte difficile. L’essor continu de ces fonds en a fait un moteur du marché des fusions et acquisitions et est désormais considéré par de nombreux acteurs du secteur comme une source perpétuelle deals pour alimenter les volumes de transactions, constituant près de la moitié de la valeur totale des transactions. En juin 2022, la puissance de feu mondiale des fonds d’investissement s'élevait à 2.300 milliards de dollars, soit trois fois plus qu'en 2007 selon un rapport de PwC.

Cependant, les conditions de financement posent aussi des problèmes aux fonds et les cessions comme les investissements se font attendre pour ces grands consommateurs de dette. C’est notamment le cas du fonds Advent qui n'a toujours pas déclenché la vente anticipée début 2022 de son expert de sécurité numérique Idémia, pour 4Mds€.

Quelles résolutions pour 2023 ?

Selon une étude publiée par CMS, 73 % des acteurs s’attendent à ce que le niveau de l’activité européenne du M&A augmente au cours de l’année prochaine, contre 53 % à la même époque en 2021. Néanmoins, les discordes sur la valorisation des actifs et les conditions de financement resteront probablement un frein majeur aux fusions acquisitions même si les incertitudes économiques sont en passe d’être levées.

Il est aussi attendu, selon cette même étude, que les opérations incluant les facteurs ESG (environnement, social, gouvernance) prennent plus d’importance en 2023 notamment pour les opérations concernant le secteur financier. Cette année, ce sont plus de 10 Mds€ de deals réalisés en France dans la transition énergétique.

Enfin, le Private Equity devrait être le moteur d’une année plus riche en deals avec des levées de fonds de plus en plus importantes, faisant augmenter ainsi la pression acheteuse très propice à cette tendance qu’ont les entreprises de tailles intermédiaires à se détourner des introductions en Bourse au profit du capital privé.